« L’harmonie fut ma mère dans la chanson des arbres et c’est parmi les fleurs que j’ai appris à aimer. »

Friedrich Hölderlin

lundi 4 janvier 2010

Bien Veillance ...



Metro.

La foule se presse sur le quai. Attente. Impatience.
Un homme en colère hurle, invective et bouscule les passants, surtout les femmes…
« Toutes des putains ! Vocifère-t-il …

L’agression, verbale, semble tomber à froid…
Regards d’hommes… Sourires faibles, goguenards … indifférence craintive !
C’est un ivrogne… murmure l’un d’eux, un pov mec !

Quelques femmes assises, se lèvent, s’écartent, s’esquivent…

Une femme, âge certain et assuré, s’approche tout près de l’homme.
Pourquoi, lui dit-elle, en chuchotant l’interrogation…
Pourquoi ne serions-nous toutes que des putains, ne sommes-nous pas avant tout, des amies, des mères, des grands-mères.
La voix douce, interrogative, lève un accent de curiosité dans l’œil de l’homme, interrompt l’invective prête à surgir, inonde la souffrance brûlante de la colère et l’éteint.
L’homme lui fait face, se laisse envahir par le regard bienveillant qui l’invite à s’asseoir…
Parlons de cela, ajoute la femme, voulez-vous ?

S’avisant de la main qui montre le banc, l’homme s’assied.

Une rame se glisse à quai, la foule impatiente s’engouffre dans les wagons.

Sur les bancs de plastique bleu, un homme, une femme, deux êtres, se parlent, doucement...


22 commentaires:

Anonyme a dit…

inonder la souffrance dans la douceur, quelle belle image, merci pour ce texte,douce Mutti.
je t'embrasse.

A.M. Bruffin a dit…

Que notre cœur s'ouvre et se détende
dans l'amour...pour aller vers l'autre.
Tendrement

ambre a dit…

waoh, quelle leçon de tendresse et de douceur.. la femme qui s'approche, je me demande si ...

belle illustration aussi :-)

Ariaga a dit…

Cela devrait toujours se passer comme cela mais c'est rare et il faut des êtres exceptionnels pour se comporter comme cette femme...

Lilou a dit…

Voilà un bel exemple de ce que j'appelle " tendre l'autre joue"
parce que " tendre, l'autre joue"
c'est à dire c'est pris au jeu de la souffrance.
Seule la joue qui n'a pas mal peut l'en délivrer.
Merci à Toi pour ces mots.

Nathamsa a dit…

Très belle histoire... Si seulement c'était vrai...

Buena noche !

MUTTI a dit…

Merci à toi Virginie, d’avoir perçu l’image... et si bien entendu les mots…
Je t’embrasse tendrement

MUTTI a dit…

Tes mots sont un véritable VOEU, Anne-Marie.
Merci.
Je t’embrasse tendrement

MUTTI a dit…

Illustration enfantine, volontairement ;)

Il n’est en ce texte aucune « leçon », chère Ambre… à peine un rappel au fait qu’un geste avenant et une parole ont le pouvoir de transformer les situations difficiles ou chaotiques.
Je t'embrasse

MUTTI a dit…

Cela peut, Ariaga, se passer comme ça.

Sans doute faut-il un certain discernement pour évaluer l’absence d’un risque réel, pour soi comme pour autrui.

Dans le cas présent l’accès de violence verbale ne s’adressait qu’aux femmes ; effectivement l’homme avait (trop) bu, mais n’avait nullement l’apparence d’un « voyou » et ne menaçait personne d’une quelconque arme… Très visiblement, une simple affaire sentimentale le concernant de très près…

Alors, ne rien faire ? Ne rien tenter pour détourner les humeurs belliqueuses ?
Pourtant, c’est si simple, de s’approcher pour parler…

Je t'embrasse Amie

MUTTI a dit…

Oui, chère Lilou, la joue qui n’a pas mal, qui ne se sent pas « touchée » est une joue qui n’a pas peur de se pencher vers l’autre, de lui tendre la main…
Merci à Toi,
Tendrement

MUTTI a dit…

« Si seulement c’était vrai… », dis-tu, chère Nathamsa, une petite phrase contenant, tout enchevêtré, l’espoir et l’incrédulité.
Un très curieux mélange, puisque l’incrédulité ne peut que détruire l’espoir…
Et si ce n’était pas… qu’une histoire ?

Je t'embrasse, douce journée

Frédéric Baylot a dit…

Très belle histoire métaphorique
au de là de sa réalité

maintenant dans la réalité, faire attention quand même avant de la mettre en application

Si c'est un homme qui a bu, il a sa colère contre les images de femme qu'il a dans sa tête et son coeur qui ressortent et suivant le degré d'alcoolisation, il peut en effet être touché par cette relation authentique qui s'établit
mais si vraiment il est sous l'emprise de l'alcool, il vaut mieux attendre qu'il "aille mieux" pour approfondir ;)

maintenant si c'est qqn qui souffre d'une psychose, voir d'une paranoïa (entre autre vis à vis des femmes) venir vers lui,lui parler àl'oreille, surtout évidemment de la part d'une femme, peut être vécu d'une manière très violente par lui et attention aux réactions

(c'est toujours mon côté capricorne qui ressort, prendre de la distance, mesurer ce qui se passe, ne pas foncer, je suis ascendant taureau, pas bélier ! ;)) )

merci à toi Mutti

je t'embrasse

o frédéric ◙

ambre a dit…

pas de connotation péjorative dans le terme "leçon" (mais j'ai le défaut de ne pas être assez pointue dans le choix de mes mots, je tâcherai d'y veiller dorénavant)
et à la relecture je me dis qu'hélas dans la réalité la douceur et la tendresse ne sont pas toujours des facteurs suffisants pour désamorcer la violence (que ce soit ici la violence contre lui même qu'est l'alcoolisme mais qui peut se retourner contre la "main tendue")
Je sais que c'est difficile à comprendre lorsqu'on est qu'amour mais c'est aussi aimer que de se protéger soi même non ?
Bien à toi aimante Mutti

MUTTI a dit…

Bonjour Frédéric,

J’entends bien, haut et fort, ta mise en garde, qui semble prêter à ce texte le risque d’une mise en application directe de l’attitude décrite en ce texte…
Il ne m’est pas apparu aussi « puissant »… tout au plus, éventuellement, porteur d’une réflexion quant à « l’attention à porter à autrui »…
Par ailleurs, je note l’étrangeté de ce « faire attention à » qui semble viser à tempérer l’acte de porter attention à quelqu’un…
Effectivement, mon jour de naissance entretiendrait peut-être des aspects beaucoup moins « mesurés » que ceux du Capricorne et du Taureau…
Déjà lointaine naissance qu’accompagnait un Soleil en Cancer, et un ascendant Vierge… avec, ce qui sans doute n’arrange rien … ;) … MARS en BELIER …
Allez, que les astrologues en puissance se penchent sur ces auspices… j’écouterais avec attention…

Merci à toi, Ami
Je t’embrasse

MUTTI a dit…

Bonjour Ambre,

« c'est aussi aimer que de se protéger soi même non » … OUI, sans nul doute !

C’est même quasi « impératif » et c’est bien la première « leçon » ;) … que l’on se doit à soi-même…

L’amour est la plus extraordinaire des « armures », il offre le discernement, l’attention à soi… et aux autres soi… la compréhension et le goût de la Vie, le courage dans « la mesure du discernement » ;)
Il libère de toutes les entraves qui empêchent l’évolution de la conscience…
Cela dit, j’en conviens, APPRENDRE à S’AIMER, à aimer l’être que nous sommes afin de lui offrir les moyens d’une existence simple, joyeuse et heureuse… n’est pas particulièrement facile dans un monde hyper compliqué par les dérapages égotiques…
Toutefois, le dépassement de cette difficulté est à la portée de tous…
C’est comme pour la méditation, il faut faire un peu plus qu’essayer…

Je t’embrasse tendrement.

Frédéric Baylot a dit…

Bonjour Mutti

En effet ce texte (et éventuellement en plus,bien sûr, cette histoire si elle est vraie) est fort et illustrant bien l'attention à porter à autrui.


ce « faire attention » (sans "à") c'est pour aider il faut savoir prendre soin de soi

je dis cela pour avoir modestement participé longtemps à ce genre d'action d'aide aux plus démunis de la rue.
Que le "vouloir" n'est pas suffisant et parfois cela peut créer des retours violents qui font dire "alors à quoi bon"
il vaut mieux apprendre à s'écouter pour écouter l'autre, pour être toujours dans l'écoute du "feedback" qui passe et être capable de se protéger en cas de violence

tu connais le proverbe : "l'enfer est pavé de bonnes intentions"

mais tout cela tu le sais très bien et ce n'est SURTOUT PAS aller contre toute action d'ouverture et d'écoute , au contraire, mais de le faire d'une manière où chacun se sente grandi

je t'embrasse chère Mutti & merci à toi

frédéric

MUTTI a dit…

Cher Frédéric,

J’avoue que j’ai bien du mal à te répondre, c’est un peu comme si ta dernière réponse me poussait dans mes retranchements et même, j’en suis pleinement consciente, dans une certaine réactivité… consentie… pour « me protéger » …

J’ai écrit ce texte sans chercher à m’impliquer personnellement dans le récit ; sans doute aurais-je pu remplacer le mot une femme, par « Elle » ou « Vesta »… un écrit non personnalisé qui finalement entraîne l’incrédulité quant à la possibilité d’un tel agir.
Passons là-dessus, c’est sans importance.

Je ne sais si « l’enfer est pavé de bonnes intentions » parce que si ce proverbe est sans doute une réalité certaine en de nombreux cas, c’est une idée qui n’entrave nullement les actes de mon existence actuelle.
Tout aussi modestement, je connais bien et depuis longtemps, la rue, la nuit, les misères de tous ordres, et actuellement la banlieue « dite difficile »… et si j’ai connu aussi « quelques retours violents », plutôt relatifs au bout du compte, je ne me suis jamais rendue à un quelconque « à quoi bon »… sans doute parce qu’en ce vécu ne s’impose aucun « Vouloir », juste une réponse à la nécessité, à l’urgence et ce, dans le plus profond respect envers la personne que l’on écoute et aide…

Pour être en accord avec ton expression « d’une manière ou chacun se sente grandi », j’aurais une préférence pour dire :
Agir de manière à ce que chacun se sente, simplement, « humain »…

Je reste dans l’idée que tu m’as un peu cherchée et c’est en toute amitié que j’espère que tu m’as trouvée…
Un petit plus… l’homme en question est devenu un ami…

Cela dit, je veillerais à ce que mes textes n’apparaissent plus « dangereux »…

Je t’embrasse très fort.

Frédéric Baylot a dit…

En effet il faut "mettre au clair" car j'ai du être maladroit et je m'en excuse

* ce n'était nullement pour te chercher, je sais comment te trouver sur un terrain bienveillant :)

* ce n'était nullement pour mettre en cause ce qui est écrit, au contraire, si nous pouvions avoir tous plus souvent de tels allants, il y aurait moins de crainte de l'étranger, du différent, de l'autre.

c'était simplement un partage sur une expérience professionnelle et bénévole personnelle, où je voulais dire que :

* parfois on veut faire le bien, parce qu'on ne supporte pas d'être "dérangé" et si ce sentiment est "juste" dans la mesure que cela veut dire qu'on ne supporte pas l'insupportable il nous conduit parfois à apporter nos solutions, images, réponses qui ne correspondent pas aux réelles demandes des personnes en difficulté, comme celle que tu donnais en exemple.
Il me semble qu'il faut se servir de notre colère pour aller vers ces personnes, pour, en dehors de l'urgence vitale immédiate, les aider à trouver leurs solutions ou leurs démarches, comme cela a pu peut-être être fait dans l'exemple donné

Je dirais que cette histoire est très touchante, puisse-t-elle tous nous toucher au plus profond, pour AU MOINS modifier notre regard sur "l'autre".

je t'embrasse, et merci encore de ta patience, Mutti ! :)

frédéric

Frédéric Baylot a dit…

ce que j'ai oublié (qu'est ce que je suis bavard) de dire c'est qu'en plus il me semble important de savoir se préserver pour être plus à l'écoute, car se "prendre un coup" peut nous fermer à vouloir aider après, donc il vaut mieux être prudent si nous ne savons pas trop nos réactions ou celle de la personne rencontrée.
Mais je pense que nous avons aussi une intuition qui nous dit si c'est possible ou pas (je parle aussi par expérience)

et quand rien (nous) semble possible, à minima développer une pensée de compassion

pour cette fois ci ce sera tout :)

je te ré embrasse :))

biz biz

frédéric

MUTTI a dit…

Cher Frédéric,
En réalité nous sommes deux bavards ;)
et tu n'as aucune raison de t'excuser, j'ai ma part à prendre en terme de maladresse alors que sur le fond il n'existe pas de réel désaccord.
Ce qui peut être perçu comme quelque peu "téméraire" dans mes actes (comme en ce texte)provient de l'habitude, de la pratique, d'un certain discernement en ce qui peut être fait ou évité, et comme tu le soulignes, de l'intuition... que tu aies insisté sur la prudence me convient très bien même si je reste convaincue que ce texte n'aurait pas été suivi à la lettre...
Je te ré-embrasse aussi
Michèle

Dom a dit…

Je suis très touchée par cette histoire, Mutti, à plus d'un titre...
Un mot me vient à l'esprit : "l'indifférence"
qui qualifie les autres et cette femme qui fait la différence en ouvrant la porte de la communion, celle du dialogue et d'un être qui, l'espace de cet instant durant, se sentira exister...
Il faut parfois peu pour donner plus que ce que le monde pourrait donner...

Tendre Mutti, quelques bises pour ce nocturne et quelques sourires pour mieux l'épanouïr... A bientôt !!! ;)