« L’harmonie fut ma mère dans la chanson des arbres et c’est parmi les fleurs que j’ai appris à aimer. »

Friedrich Hölderlin

samedi 9 janvier 2010

Quelques mots...



Le moi, est un trop vieil enfant.

Sous les charmes du temps il se voile, se grime, se masque et ne se reconnaît pas.
Il pense, et pense, et pense …en se contemplant…
Sur le livre du temps, il écrit ce qu’il croit, ce qu’il pense et pourtant ne comprend pas.

De marge en marge, ici ou là, s’étirent, se griffent, grimacent, se mordent, s’étalent, s’enlacent, des mots d’hier, des mots du jour, des mots douleur, des mots fièvre, des mots d’ardeur, des mots électriques.
Aussi des mots de feu, des mots lumière…
Des mots d’amour, mots de tendresse,
Des mots de douceur,
Mots de satin, mots de soie.

Papiers et plumes en mains, rudes ou lisses, les mots s’échappent, les paroles roulent, les phrases s’insinuent. Des maux se préparent, se glissent aux replis du corps qui peine et souffre dans la fournaise d’âpres malaises, tous forgés, par les mots.
Tant de mots épais, si lourds, si laids, si dérangeants,
Ou si petits, si frêles, si déroutants.

Parfois des mots si beaux, si grands, si puissants…
Les mots du cœur vivant,
Du vrai, du véritable enfant
Qui doucement, tranquillement,
Lettre après lettre, dessine
L'Idée, les stances du Verbe,
Du créateur de la ronde des mondes,
De la danse éternelle et infinie de La Vie.

Pour que les maux s’allègent, pour que les maux s’épuisent, que les corps s’illuminent,
La Vie nous invite, très simplement …
A accepter la pulsation,
A s’imprégner du rythme
Pour avec Elle,
Joyeusement,
Apprendre la valse
A trois temps…

Et danser…


lundi 4 janvier 2010

Bien Veillance ...



Metro.

La foule se presse sur le quai. Attente. Impatience.
Un homme en colère hurle, invective et bouscule les passants, surtout les femmes…
« Toutes des putains ! Vocifère-t-il …

L’agression, verbale, semble tomber à froid…
Regards d’hommes… Sourires faibles, goguenards … indifférence craintive !
C’est un ivrogne… murmure l’un d’eux, un pov mec !

Quelques femmes assises, se lèvent, s’écartent, s’esquivent…

Une femme, âge certain et assuré, s’approche tout près de l’homme.
Pourquoi, lui dit-elle, en chuchotant l’interrogation…
Pourquoi ne serions-nous toutes que des putains, ne sommes-nous pas avant tout, des amies, des mères, des grands-mères.
La voix douce, interrogative, lève un accent de curiosité dans l’œil de l’homme, interrompt l’invective prête à surgir, inonde la souffrance brûlante de la colère et l’éteint.
L’homme lui fait face, se laisse envahir par le regard bienveillant qui l’invite à s’asseoir…
Parlons de cela, ajoute la femme, voulez-vous ?

S’avisant de la main qui montre le banc, l’homme s’assied.

Une rame se glisse à quai, la foule impatiente s’engouffre dans les wagons.

Sur les bancs de plastique bleu, un homme, une femme, deux êtres, se parlent, doucement...